La biennale d’architecture et de paysage a lieu du 4 mai au 13 juillet 2019
L’objectif de cette 1ere biennale organisée par la Région Ile de France est de créer un moment d’échanges, réflexions et expositions en associant les acteurs de l’architecture et du paysage mais aussi des penseurs, artistes, élus et citoyens…
Le dialogue vise à mettre en perspective des solutions innovantes pour réconcilier homme et nature dans les villes de demain.
Compte rendu de débats choisis à la biennale d’architecture et de paysage
Dessines moi la ville résiliente
Samedi 4 mai 2019
Débat animé par Olivier Le Naire avec Anne Asensio, vice-présidente Design de Dassault Systèmes, Nicolas Gilsoul, architecte-paysagiste et Christine Leconte, présidente de l’Ordre des architectes d’Île-de-France.Qu’est ce que la résilience ?
Christine Leconte constate que les architectes récemment diplômés sont souvent engagés et s’investissent dans la gestion des crises actuelles et les territoires de proximité pour proposer des solutions.
Ainsi, l’heure est à la réparation, la réutilisation de bâtiments plutôt que de reconstruire et à l’économie de matière en tenant compte de la non renouvelabilité des ressources 1eres. Tenir compte de l’eau et utiliser des matériaux bio-sourcés (exemple du chanvre parfait isolant et béton de chanvre pour capter le carbone et rejeter de l’oxigène) fait partie des reflexions.
Le changement se fait par un état d’esprit appuyé par la technique.
Nicolas Gilsoul mentionne les aménités offertes par la canopée et les stratégies existantes telles que la récupération de la moindre goutte d’eau dans des villes exposées à l’aridité. L’urgence est dans l’engagement de chacun. La ville résiliente se réinvente. A l’image du biomimétisme de la faune et de la flore dans une stratégie d’adaptation et de survie, la ville résiliente est une évolution perpétuelle. Son constat est dans la nécessité de l’homme de co-évoluer.
Anne Asensio fait état de l’avancement de la technologie pour simuler par le concept de ‘generative design’. Il est possible désormais de reproduire artificiellement des propositions écosystémiques tenant compte de l’apprentissage fait de la nature. Le futur qui se forme par ces nouvelles méthodes de conception intègre la notion de ‘biologique’ dans des scénarios modèles.
Limites et succès des propositions ?
Les pratiques pionnières de jeunes architectes consistent en une démarche pour créer la commande auprès des collectivités. Ainsi, de nombreux projets de résidence d’architectes permettent à ceux ci de s’imprégner d’un territoire pour faire émerger un projet ! L’engagement personnel est fort. Il se traduit, aussi, par l’utilisation du bon matériau au bon endroit pour éviter une artificialisation des sols. Malgré tout l’envie écologique reste en marge face à la recherche globale de profits dans le secteur et à la marge financière du client.
Tous ces concepts sont émergents.
La recherche de profit reste le guide majeur et le militantisme est encore trop différent de la pensée générale. Celui-ci nécessiterait un appui plus conséquent par l’intervention des élus… Une élue présente dans l’assistance témoigne, elle, que les administrés ne sont pas encore prêts à agir et que des projets innovants ne lui sont pas souvent proposés, l’offre globale reste majoritairement classique.
La co-création doit se faire en amont de tout programme de développement.
Vers la ville sobre et durable
Samedi 4 mai 2019
Débat animé par Cyrille Poy avec Marie-Ange Debon, directrice générale France de Suez, Jean-Philippe Dugoin-Clément, Vice-président de la Région Île-de-France, chargé de l’Ecologie et du Développement durable, Michel Gioria, directeur régional de l’Adème île-de- France et Michel Péna, paysagiste.
Rappel de la croissance exponentielle de la population urbaine. L’augmentation du nombre d’urbains prévue sera x 10 alors que la population globale sera x 4 !
Est mentionné le livre ‘homo urbanus’ : essai sur l’urbanisation du monde et des moeurs’ de Thierry Paquot, philosophe de l’urbain.
Cette croissance aura lieu majoritairement en Asie et en Afrique (notamment au Nigeria).
Les nouvelles des scientifiques sont alarmantes ! Vers une réduction de l’eau ? de nouvelles énergies ?
Marie-Ange Debon mentionne que bien qu’il y ait une prise de conscience vers la sobriété, les changements et comportements ne sont pas à la hauteur de la situation d’urgence actuelle ! Elle rappelle qu’il y a eu ces dernières années une restriction d’eau sur 85% des départements et que le stress hydrique global s’accentue. La situation serait problématique en 2030. La gestion des déchets est également à remettre en cause : 1 à 2 kgs / jour / habitant actuellement.
Quant à la consommation d’eau, elle est ainsi répartie : 70% agriculture, 20% industrie et 10 % citoyens.
Comment rendre plus sobres l’agriculture et les espaces verts ?
Comment réutiliser les eaux usées ? En Espagne, les eaux usées en sortie de la station d’épuration sont utilisées pour l’agriculture. En France, l’eau potable est utilisée pour les toilettes… les réseaux enterrés en France sont très vieux.
Pour Jean-Philippe Dugoin-Clément l’exigence de sobriété n’est pas non plus en phase avec la situation globale. Si la sur-consommation et sur-concentration urbaine seront majoritairement en Asie et Afrique, l’Europe devrait se sentir concernée par un modèle à exporter… Une logique de durabilité par une révolution des comportements à l’échelle de la situation devrait être mise à l’œuvre. Il mentionne que les systèmes bancaires doivent également s’adapter pour répondre aux besoins nouveaux des clients. Par ailleurs, il met en exergue que le volontarisme et les bons sentiments citoyens ne sont pas suffisants et que des contraintes et normes législatives seraient nécessaires pour imposer le changement face à l’urgence d’aujourd’hui. Dans une logique de concurrence internationale, la qualité de l’air est un argument de vente pour une mégalopole et un enjeu majeur pour le développement des territoires.
Michel Péna soulève la question fondamentale du comportement ! La technologie n’est pas la réponse, le problème est avant tout culturel. L’intelligence artificielle mène à la destruction de la planète si l’homme n’a de cesse de détruire. Une véritable révolution culturelle est nécessaire ! Michel Péna a récemment créé la Fondation Payssages consacrée au paysage et à l’environnement, à Nice.
Pour Michel Gioria les questions d’aménagement sont essentielles : chaque degré additionnel au réchauffement climatique compte ! Plus de nature en ville est indispensable.
Il rappelle que les fortes chaleurs dans le métro parisien pourrait paralyser la mobilité à Paris ! Les limites physiologiques pour une bonne marche de l’activité économique sont conditionnées par des conditions climatiques acceptables. Si les conditions sanitaires ne sont pas respectables, les villes deviennent hostiles ! Il mentionne qu’il existe en Chine un plan de rafraichissement du réseau souterrain. Le métro parisien a, lui, été construit il y a plus de 100 ans…
Par ailleurs il souligne qu’il est nécessaire de maitriser le cout des matières 1eres en réutilisant les matériaux existants. L’agriculture et l’élevage doivent être facilités à proximité de la ville en valorisant le circuit court.
Vers la ville oasis
Samedi 4 mai 2019
Débat animé par Olivier Le Naire avec Mathieu Labonne, co-directeur du mouvement Colibris et président de la coopérative Oasis, François Lemarchand, Président de Nature & Découvertes, Pierre Rabhi, paysan et écrivain et Agnès Rochefort-Turquin, membre de l’Oasis Campus de la Transition, à Forges (Seine-et- Marne).
Pierre Rabhi, inspirateur du concept des oasis, rappelle qu’il est né dans le désert.
« l’être humain dans la modernité vit dans un anonymat et un manque de communication, tout en étant l’usager avide d’une technologie de communication omniprésente.
Il s’agit d’une régression et réelle récession mondialisée. La convergence des consciences doit être inspirée par la raison, la bienveillance et non la peur. »
Il mentionne que l’attraction pour la ville est liée à la recherche de revenus mais les citadins sont également vulnérables à une possible pénurie alimentaire. Chacun doit maitriser son alimentation. Pierre Rabhi nomme ‘attentat humanitaire’ la problématique de terre nourricière et empoisonnement aux pesticides.
Mathieu Labonne partage sur l’expérience acquise sur l’attente citoyenne pour réinventer la vie. Le mouvement colibris qu’il gère accompagne depuis 2014 plus de 800 lieux qui sont des laboratoires ou s’expérimente de lieux de vie alternative. Ce sont de petites structures et même un éco-village de 28 familles qui impactent également le territoire ou elles sont installées. Le mouvement colibris est un outil de financement et d’accompagnement. Ces projets communautaires visent une mixité sociale et intergénérationnelle. Il n’y a pas de solution unique mais un panorama d’initiatives humaines.
Mr Rochefort-Turquin s’est engagé dans le campus de la transition : un oasis ressource en partenariat avec de grandes écoles et universités. C’est un lieu d’enseignement et d’expérimentation sur la transition écologique, économique et humaniste de l’époque.
François Lemarchand rappelle que les entreprises ont le pouvoir et créent de la richesse pour les actionnaires mais que désormais certaines s’engagent pour des missions d’intérêt collectif. Elle s’engagent également dans l’environnement. Il présente le projet de ferme permaculturelle nouvellement installée à Versailles, à coté du nouveau siège de l’entreprise.
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