De l’Agroécologie en oliveraie ?
Notre visite au Domaine des Tilleuls d’or à St Cézaire sur Siagne, en ce début d’octobre 2020, a été une très belle découverte en cette fête de la nature grâce au généreux partage de Ronald Blanrue, un singulier personnage empli d’humanité et passionné d’agroécologie !
Immergé dans le magnifique paysage du Parc Naturel Régional des Préalpes d’Azur, c’est dans une authentique bergerie du XVIIIe que Ronald Blanrue expérimente l’agroécologie en oliveraie multi centenaire, plantée initialement par les moines de Lérins. © Illustration en photos de J.Michel Labarre, sculpteur et photographe.
L’agroécologie pour résister à la sécheresse en Méditerranée
Ronald, témoin du dérèglement climatique en cours, dans ce milieu sec méditerranéen, précise que le manque d’eau en hiver qui forme la réserve utile du sol constitue la sécheresse la plus impactante !
L’agroécologie est certainement une réponse adaptée à cette période de transition en restant proche de la nature, de sa conversion et de ses besoins.
Un paysage de Méditerranée… de plus en plus sec. Comment gérer les arbres fruitiers ?
Les belles perspectives formées par les allées d’honneur des cyprès de provence, oliviers et les calades illustrent le paysage soigné de ce lieu historique !
Néanmoins le constat d’un sol rendu stérile par un traitement conventionnel initial et son corollaire de produits chimiques, a convaincu Ronald de concentrer ses soins désormais sur la santé des sols…
En effet, cette oliveraie en déprise agricole depuis 60 ans a subi une transformation radicale suite à l’engagement de Ronald dans une démarche NATURE&PROGRES et son exigence d’un haut cahier des charges pour des produits et services 100% naturel.
C’est en effet avec une certaine revendication, créativité et ouverture sur le monde du vivant, que Ronald aime à définir le produit du terroir qu’il confectionne en :
‘culture qualitative (100% naturelle), pour des produits vibrants à forte teneur en polyphénols’.
Quand Ronald a repris cette oliveraie d’oliviers cailletiers ‘Olea europaea ‘Cailletier‘, une variété ancienne originaire des Alpes Maritimes (AOP), celle-ci venait de subir 6 mois de sécheresse.
L’état sanitaire des oliviers en stress hydrique, a conduit Ronald a tenter le pari d’un recépage à 6 m de hauteur pour une relance de la production fruitière.
Les oliviers, résilients, ont régénéré de nombreuses repousses aujourd’hui riches en olives, malgré un sol initialement pauvre, formé de terre sableuse et caillouteuse, qui ne laissait présager que 20% de fertilité.
La relance microbienne du sol
Réensemencer les sols en micro-organismes a été le fer de lance de Ronald !
Plusieurs années ont été nécessaires pour relancer la vie microbienne du sol et atteindre aujourd’hui 65% de fertilité par des soins spécifiques adaptés au terrain : fumier, BRF, EM, pulvérisation d’argile… patience…la patience nécessaire au pas de temps de la nature…
Avec Gérard Ducerf pour guide, une large place de son analyse est consacrée aux adventices pour comprendre la transformation du sol en cours.
De fait, les scientifiques alertent depuis longtemps sur la perte de plus de 70% des familles de micro-organismes sur 80% des sols nationaux du fait de l’usage de produits chimiques qui ont suroxydé les sols…
Ronald a été formé par Eric Petiot sur l’usage des extraits fermentés pour réensemencer les sols en micro-organismes.
Et il est intarissable sur les fonctions vitales en jeu, les associations végétales et symbiose avec les micro-organismes ou mycorhizes !
Attentif aux plantes bio-indicatrices, au cycle de la décomposition et aux plantes permettant le développement d’auxiliaires, il maintient une dynamique de recherche nécessaire pour comprendre et voir évoluer le vivant.
Ronald marque un parallèle évident dans le fonctionnement des organismes vivants illustrant notamment le corps humain.
Le ‘mal-a-dit’ au verger ? La maladie est la matérialisation d’un déséquilibre…
Taille de fructification des oliviers et contraintes de production
Adapte d’un courant de pensée qui intègre mieux les connaissances récentes en biologie de l’arbre, Ronald pratique l’émondage tous les 3 ans et une taille légère du bois mort. Car rappelons que la taille de fructification génère un stress sur l’arbre qui conduit celui-ci à produire plus de fleurs et de fruits (l’arbre assure ainsi sa descendance). La taille écourte la longévité des arbres fruitiers…
Ronald maintient certains suppléants et jeunes arbres, tout en surveillant une éventuelle concurrence avec l’arbre productif car les jeunes plants exploitent aussi des ressources hydriques…
Cependant la relève est assurée par de jeunes plants sélectionnés, issus de ces variétés qui auront fait leur preuve dans le climat auquel elles sont destinées !
Ainsi, tout l’art de domestiquer l’arbre fruitier tient dans un fragile équilibre entre une contrainte de rentabilité en fruit et le maintien d’arbres en bonne santé… tout en tenant compte du changement climatique !
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