Quels sont les effets de la sécheresse des arbres d’ornement ?
Les effets du changement climatique sur les arbres en milieu naturel, comme sur les arbres d’ornement, en Méditerranée sont un défi !
Les arbres font face à cet accident climatique, fatal pour certains, dans le Nord du pays comme en Méditerranée. Fréquemment en Méditerranée, milieu naturel et urbanisé s’entrelacent. Mais on pourrait être plus surpris des dégâts engendrés dans le Sud du pays ou les arbres sont normalement plus acclimatés à de fortes chaleurs… Les arbres se sont-ils adaptés à ce brutal changement climatique ?
Quels sont leurs stratégie de résilience ?
La sécheresse : quels dégâts sur la santé des arbres d’ornement ?
Mortalité, désordres physiologiques, pathogènes et maladies
Sous l’effet de la sécheresse, et donc du stress hydrique, des arbres d’ornement dépérissent ou meurent !
De nombreux arbres sont morts ou ont été sérieusement affaiblis suite aux sécheresses ravageuses cumulées de 2018 et 2019. Et l’été 2020 s’annonce encore plus chaud !
«le printemps 2020 sera probablement plus chaud et surtout plus sec que les moyennes»
Cliquez sur la photo pour voir les prévisions de cet été 2020 données par Météo consult.
Le déficit hydrique induit par une sécheresse, de plus en plus fréquemment accompagnée d’un hiver doux, accroit fortement la sensibilité des arbres aux agressions pathogènes.
- Invasions d’insectes et maladies
Les insectes, attirés par l’émission de kairomones par l’arbre, seront d’instinct intéressés par cette proie affaiblie .
Ces parasites de faiblesse tels que : capricornes, scolytes (exemple en photo des galeries du typographe)…etc font, alors, des ravages sur les arbres.
Simultanément, à l’affaiblissement de l’arbre, des épidémies peuvent se déclencher, telle que la maladie de la suie de l’érable, présente dans le Nord et Centre du Pays (photo ci-après)… Le champignon déclencheur (cryptostroma corticale) de cette maladie peut également occasionner des problèmes respiratoires chez l’être humain.
- Dessèchement des arbres
Les arbres peuvent être également sujets à une déshydratation importante voire mortalité par dessiccation.
Ce, à la fois pour les jeunes plants (non encore sevrés d’un arrosage artificiel après une plantation) mais aussi pour les arbres adultes.
- Dégâts physiologiques
Les arbres subissent des dégâts physiologiques : échaudure (nécrose corticale orientée sur une face du tronc et éclatement des tissus du au rayonnement solaire intense – photo ci-dessus) ou microfissures. Ce qui les fragilisent mécaniquement.
L’effet secondaire pour les arbres ayant résisté à ces sécheresses est une perte de croissance mais aussi, dans le Sud, une sensibilité au feu accrue !
Quels sont les stratégies des arbres confrontés à la sécheresse?
La sécheresse perturbe le fonctionnement hydraulique des végétaux.
La transpiration des feuilles permet la remontée de sève brute par effet de succion ou aspiration d’eau par les racines (et donc l’absorption de l’eau par l’arbre). Or, les organes les plus sensibles étant leurs feuilles, les arbres recourent alors à plusieurs stratégies pour résister à trop d’évaporation :
Face à la sécheresse, certains arbres adoptent une stratégie d’évitement.
Confrontés à de fortes chaleurs, certains arbres limitent leurs pertes en eau en bloquant leur activité physiologique.
Ils stoppent ou réduisent fortement leur mécanisme de photosynthèse en fermant leurs stomates (ces orifices à travers lesquels circulent le C02 et la vapeur d’eau) afin de limiter leur évaporation en eau. Alors qu’en temps normal, pour une molécule de C02 qui rentre, plusieurs molécules d’eau sortent.
Si la photosynthèse est stoppée trop longtemps, les feuilles sèchent !
Photo ci-après : Stomate vu au microscope. Cliquer sur l’image pour en savoir plus (© Université de Jussieu – Sorbonne).
Grâce à la photosynthèse, les sucres solubles assimilés et répartis dans le système foliaire et le système racinaire sont normalement alloués aux fonctions de respiration (d’entretien et de croissance), de production de biomasse et de réserves.
Les arbres ne peuvent alors être résilients après une sécheresse que s’ils ont fait des réserves !
La dynamique des réserves :
Un arbre en bonne santé est un arbre qui a accumulé beaucoup de réserves, soit un taux d’amidon élevé par le biais de la photosynthèse.
Ces réserves de sucres et nutriments constituent d’ailleurs le meilleur prédicteur de santé d’un arbre ! Celui-ci est, alors, en mesure, pour résister, d’attribuer l’usage de ses réserves à ses besoins de fonctionnement lors d’accidents naturels.
De cette ‘assurance-vie’, découle une endurance ou la mort de l’arbre face à une sécheresse !
Face à la sécheresse, certains arbres adoptent une stratégie de tolérance.
Les arbres méditerranéens ont souvent une physiologie adaptée à ce climat : feuilles à cuticule épaisse, feuilles poilues ou sous forme d’aiguille (offrant une surface de transpiration réduite) …Etc.
Ces arbres, que la dynamique d’évolution à spécialisé pour les climats chaux et hivers doux, se caractérisent souvent par une croissance réduite, typique de la Méditerranée.
Dans des aires plus arides encore, voire même désertiques, certains arbres ont développé des capacités remarquables pour accéder aux eaux des nappes phréatiques. Cela semble être le cas de l’Acacia Albida : Plus de détails sur ce lien .
Photo ci-après : cas d’un arbre phréatophyte. Cliquer sur l’image pour en savoir plus (©‘les racines, face cachée des arbres. Drenou)
Dans tous les cas, la sécheresse met en évidence l’importance d’un système racinaire sain, efficace et d’un bon enracinement !
A l’efficience des racines s’ajoute la performance d’une relation symbiotique. Elle a s’opère via des racines mycorhizées ou encore un sol riche en micro-organismes.
En effet, l’arbre reverse aux champignons environ 30% de sucres produits par photosynthèse. En échange les champignons servent aux racines une solution riche en phosphore, potassium, calcium, magnésium, azote et autres sels minéraux. A titre d’exemple : en milieu stérile (sans mycorhize), un jeune plant peut survivre mais il est nécessaire de lui apporter 100 à 1000 fois plus de nutriments solubles qu’en milieu micorhizé !
Cependant, le climat méditerranéen est amené à évoluer.
Les sécheresses sont plus fréquentes et plus intenses.
Et, en ce climat de changement exceptionnellement rapide, la variabilité des arbres tolérant la sécheresse est considérable.
A l’instar du milieu forestier, la filière horticole s’organise !
Les scientifiques et les professionnels de la filière horticole sont à l’étude !
La recherche d’une palette végétale plus variée pour les arbres d’ornement en Méditerranée est au coeur du sujet ! En savoir plus sur cet article.
Une plus grande biodiversité et des pratiques arboricoles plus respectueuses de la biologie des arbres sont la clé du succès face au réchauffement climatique !
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