Replanter des forets primaires ?!?
La méthode innovante du botaniste japonais Akira Miyawaki remporte aussi un franc succès en Europe pour la plantation d’arbres ! Inspirée par l’écosystème naturel d’une foret primaire, sa technique d’implantation de ‘végétation naturelle potentielle’ a été appliquée dans de nombreux projets de par le monde !
La méthode Miyawaki vise à imiter l’écosystème naturel d’une foret primitive !
Plantation versus foret !?
=> Consultez à ce sujet le débat sur la différence entre une plantation et une foret primaire originelle, organisée par l’association Canopée avec l’intervention de Francis Hallé, François Xavier Drouet et ‘World Rainforest Movement’.
L’écologie au premier plan pour la reforestation !
Quelques notions sur l’écologie des ligneux :
Une foret primaire est le résultat d’une dynamique de la végétation aboutie, de façon naturelle sur une durée aussi variable que de 150 à plus de 500 ans (selon les conditions écologiques).
Dans un milieu non impacté par l’homme, des groupements végétaux différents se succèdent par une transformation spontanée de la nature.
Et, la végétation arrive à maturité naturelle, en équilibre avec les conditions du milieu. Cette étape s’appelle le climax.
En réalité, ce climax est plutôt une ultime étape mais qui peut être ponctuée d’aléas ou perturbations futures.
Dans les régions tempérées, le climax est le plus souvent un stade forestier. Dans celui ci se seront succédé : les arbres pionniers (héliophiles, de croissance rapide et à durée de vie courte), les post-pionniers et les dryades (sciaphiles, de croissance lente et à durée de vie longue).
Qu’en est-il de la méthode d’Akira Miyawaki ?
Expert en écologie végétale, Akira Miyawaki s’est spécialisé sur l’étude des graines et de la naturalité des forêts. Il a été Professeur émérite à l’Université de Yokohama et récompensé en 2006 par le Prix Blue Planet.
Inspirée de la régénération naturelle des forets primaires, la ‘méthode Miyawaki’ vise à la recréation d’une foret native à partir de plantes locales indigènes.
Pionnier en écologie, Akira Miyawaki s’est appliqué à la restauration de forets primitives, en recréant un ‘climax’. Sans passer par toutes les longues étapes de successions végétales, une foret native serait ainsi reconstituée et installée beaucoup plus rapidement ! Cette ‘écologie créative’, telle qu’il la nomme, a été appliquée y compris sur des sols très dégradés en zone urbaine ou péri urbaine.
L’objectif de ces forets est très différent des méthodes classiques, tels que :
-la sylviculture pour la production de bois : plantation en monoculture de conifères ou essences exotiques à croissance rapide.
-la plantation ornementale à partir de sélection variétales ou transformées (greffage, clonage) produites en horticulture. Ces arbres étant souvent issus de clonage ne présentent pas un capital génétique suffisamment diversifié pour être résilients face aux aléas climatiques ou pathogènes.
L’intention est de créer des forets, à partir de plantations, à multistrates et résilientes pour la survie de l’environnement !
Il s’agit de créer un poumon vert à l’intérieur des villes ou de reforester en zones rurales, en replantant des essences anciennement autochtones.
Initialement conçue dans l’intention de reforester le Japon, la méthode Miyawaki a été appliquée à la régénération de forets tropicales. La reforestation selon ce principe a été réalisé en Asie (Japon, Chine, Malaisie, Thaïlande, Cambodge), Amérique du Sud (Brésil), Inde, Afrique (Kenya) et Europe.
En quoi consiste la méthode Miyawaki ?
Ainsi résumée par de nombreux projets de reforestation, selon cette méthode, autour du monde, la foret Miyawaki offre :
=> Biodiversité, phytosociologie et communauté de plantes
L’idée est de recréer un écosystème forestier originel riche en reproduisant la strate basse, arbustive et arborée native !
La biodiversité est implantée grâce à un mélange d’espèces issues de semences naturelles dans une plantation aléatoire et très dense. Phytosociologie et naturalité sont au cœur de cette méthode de plantation plus respectueuse de l’environnement. La symbiose entre plants et sélection naturelle des végétaux les mieux adaptés au terrain et climat se fait spontanément. Le sol et micro organismes sont aussi restaurés.
=> Croissance rapide pour un écosystème résilient et durable
Il s’agit de planter de très jeunes plants !
Seuls des arbres en phase de développement ‘juvénile’ et n’ayant subi aucune transplantation, ont la capacité de se développer selon leur nature propre et de s’adapter à un environnement unique. Ils mettent ainsi en place la bonne stratégie de survie face à l’environnement dans lequel ils se trouvent. La biodiversité, la diversité génétique et l’adaptation naturelle assurent une résilience de la végétation aux défis climatiques !
=> Une plantation sans entretien régulier
Le concept est que ce type de ‘foret’ ne nécessite pas d’entretien au delà des premières années d’installation. L’écosystème se régénère spontanément.
Planter oui; mais pas n’importe comment !
Si l’engouement pour ce type de plantation est fort louable, l’apparente facilité d’application de cette méthode par tout un chacun, peut aboutir à des plantations non durables voire inappropriées (:
Un minimum d’aspects en biologie de l’arbre, pédologie et gestion de peuplement doivent être pris en compte pour éviter des problématiques couteuses de gestion future… entre autres :
- L’analyse et préparation du sol nécessitent attention,
- La compréhension du développement d’un peuplement d’arbres s’avère essentiel,
- L’anticipation de l’espace nécessaire au développement des houppiers en lisière est inévitable : Or, d’ors et déjà certains projets s’avèrent ne pas avoir tenu compte de la cohabitation avec le milieu urbain à proximité… 🙁
🙂 Bien appliquée, cette méthode nous apparait d’intérêt face au réchauffement climatique !
Un suivi sur le long terme de la sélection naturelle par zone climatique pourrait être du plus haut intérêt pour suivre l’évolution des ligneux face au dérèglement climatique !
La biodiversité et la plantation de variétés aux gènes différents (et non clonés) pourrait permettre de suivre l’évolution naturelle des arbres. Ce, car il est actuellement difficile de prévoir l’adaptation génétique (mutation) des arbres.
En effet, les dérèglements climatiques très rapides produits par l’activité humaine de ce dernier siècle rendent difficiles les prévisions de mutation génétique des arbres face au climat.
Les scientifiques travaillent sur la reconnaissance d’essences avec une ‘plasticité phénotypique’ c’est à dire qui peuvent supporter de très grands écarts de froid et de sécheresse par exemple.
A noter qu’en prévision du réchauffement climatique la plantation d’espèces résistantes à la sécheresse dans le Nord du pays est également d’actualité. En effet, les capacités de migration des arbres du Nord au Sud face au réchauffement climatique, sur ce court laps de temps sont difficilement prévisibles.
De fait, l’Inra a déjà identifié, en région méditerranéenne, des espèces d’autres régions plus arides, qui apparaissent etre non invasives, non allergènes et qui peuvent supporter les conditions urbaines !
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